«
Il n'y a que deux manières d'écrire : la première, en se passant
d'autorisation, la seconde, en demandant une autorisation. » Ossip Mendelstam
À
la veille de l’ouverture de la vingt-septième Fête du Livre de Bron, et
quel que soit l’intérêt que l’on peut encore trouver à cette
manifestation (elle ne risque pas d’être confondue avec une foire du
livre), force est de constater que sa programmation laisse une place
minuscule à la poésie. Et d’année en année, cela ne s’améliore pas.
« La
poésie a disparu des écrans radars » entend-t-on souvent. Est-ce le
rôle d’une manifestation comme la Fête du Livre de Bron d’aider à faire
bouger les choses ? Ou n’y en a-t-il, là comme ailleurs, que pour le
sacro-saint-roman ?
Les
marchands du temple (et autres critiques littéraires ou « cro-culs »
sous cacheton) n’ont aucun intérêt à ce qu’un strapontin supplémentaire
soit attribué à la poésie.
Sans doute les poètes eux-mêmes ont leur part de responsabilité dans cet état de fait…
« Nous
pouvons avoir peur de bien des choses. D’un coup de tonnerre dans le
ciel plus appuyé que les précédents. Du manque d’espace. Du manque de
l’autre. D’une fatigue trop grande. Nous pouvons avoir peur d’une
situation économique pénible. De la perte d’un toit. D’une guerre dans
notre jardin. Mais il ne faut pas avoir peur de la poésie, pour tout
simplement ne pas l’apeurer elle-même et qu’elle puisse venir à nous en
toute confiance. Alors que sa parole est plus grande que nous, nous
pourrons tout de même la lire et l’écrire, pour ainsi la comprendre de
l’intérieur, comme l’on comprend l’étranger, le nouveau. Elle nous
emportera plus loin que nous-mêmes en nous demandant sans cesse de venir
la rejoindre. »
Joël Bastard. Extrait de « Sur cet air gracieux et léger »
Joël Bastard. Extrait de « Sur cet air gracieux et léger »
Éditions Cenomane 2012
A suivre…